Projet Demey Park : un projet privé aux implications publiques

Le 1er septembre 2025, la Maison communale d’Auderghem a accueilli une réunion d’information sur le projet Demey Park, qui prévoit le réaménagement du site Carrefour-Brico, boulevard du Souverain. La salle était comble, preuve de l’intérêt et des inquiétudes des riverains.

Des questions majeures pour Auderghem

Les exposés du promoteur Redevco et des bureaux d’architectes ont mis en avant la densité du projet : près de 400 logements, une tour de 12 étages, des commerces, un parc de 2,4 ha et une place de 5.000 m2. Mais derrière les images séduisantes, plusieurs questions de fond restent sans réponse:

Place publique ou place privée ?

La place de 5.000 m2 sera-t-elle juridiquement publique ou restera-t-elle sous contrôle privé ? Qui assurera l’entretien, la sécurité et la gestion des nuisances ? Ne risquons-nous pas de voir émerger une « fausse place communale » dont l’usage dépend du bon vouloir d’un promoteur ?

Quels commerces pour quel quartier ?

De quel type de commerce parle-t-on : grandes enseignes supplémentaires ou vraies activités de proximité ? Existe-t-il des accords déjà passés entre Redevco et la commune ? Les habitants ont droit à une offre cohérente avec les besoins locaux, pas seulement à une rentabilisation immobilière.

Mobilité : quelles garanties ?

Avec moins de parkings et plus d’habitants, comment éviter l’engorgement ? Quelles liaisons cyclables et piétonnes concrètes ? Une ou deux entrées pour séparer mobilités douces et voitures ? La cohérence avec le métro Demey et le futur tram est encore floue.

Cohérence avec le PAD Herrmann-Debroux

Comment valider un tel projet sans certitude sur l’avenir du viaduc, le prolongement du tram et les infrastructures régionales promises ? Faut-il conditionner l’autorisation du projet à l’avancée simultanée de ces équipements publics?

Densification à quel prix?

  • Pourquoi ajouter 400 logements ici, alors qu’il existe déjà un stock important de logements vides à Bruxelles et que les projections démographiques sont en baisse ?
  • Cette densification s’inscrit dans une pression immobilière accrue : depuis 2-3 ans, on observe une multiplication de projets d’investissements immobiliers, comparables à la vague des années 1970, plus motivés par la rentabilité que par la création de projets de vie.
  • L’aspect social du projet est absent : ni logements sociaux, ni quotas de logements à loyers modérés. Or des obligations existent ailleurs (plans de mixité comme au Delta) qui permettent d’éviter la constitution de ghettos de luxe ou de pauvreté.
  • Si des logements doivent être construits, ils doivent être accompagnés d’équipements collectifs : crèche, école maternelle, services de proximité. Le projet actuel met surtout en avant le commerce et l’espace public, mais néglige les besoins sociaux.

 

Un débat plus large : vers un « Manhattan » auderghemois?

La multiplication des projets de tours – Delta, Demey Park, la Plaine – donne l’impression qu’Auderghem s’oriente vers un deuxième quartier Nord. Est-ce l’avenir que nous voulons pour notre commune ?

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Une tour de 12 étages peut se justifier par la rentabilité, mais elle interroge sur l’équilibre social et la convivialité d’une commune réputée « verte ».

Les projets de tours concentrent habitants et commerces, mais génèrent aussi des problèmes sociaux, de circulation et de qualité de vie.

Les promoteurs jouent parfois sur l’ambiguïté ou sur des détails techniques peu visibles pour le citoyen lambda : il est essentiel que le projet soit relu par des experts indépendants.

Notre ligne politique

Les Engagés d’Auderghem considèrent que ce projet ne peut pas être validé tel quel. Nous devons :

  • Exiger des garanties juridiques sur la réelle accessibilité publique de la place, du parc et des équipements collectifs.
  • Imposer une diversité de logements, incluant une part réelle de logements abordables et adaptés aux familles.
  • Conditionner le projet à une cohérence régionale : pas de développement privé sans infrastructures publiques.
  • Réserver une part du site aux services collectifs (crèche, école, équipements de quartier).
  • Défendre un modèle d’urbanisme qui priorise la qualité de vie, la mobilité douce et l’équilibre social, plutôt qu’une logique de rentabilité à court terme.
  • Encourager les citoyens à participer massivement à l’enquête publique via la plateforme openpermits, afin de peser sur la décision finale.

Conclusion

Le site doit être repensé, oui. Mais pas au prix d’une densification aveugle ni d’un transfert déguisé de fonctions publiques vers un acteur privé. Auderghem mérite mieux qu’un simple « Manhattan bis » : un quartier équilibré, socialement mixte, équipé et réellement au service de ses habitants.